Extrait :
Tu arrives par le prochain train, je t'attends sur le quai avec le village au grand complet.
Ne me dis pas que c'est une surprise. Tu croyais que j'allais t'oublier ? Drôle d'idée. Si je suis ici, c'est pour toi.
Même les petits voyous, les yankés amateurs de bagarre restent tranquilles, perchés en ligne sur la barrière. Ils connaissent ta réputation, celle d'un brave qu'on croise quand on a beaucoup de chance. Ils me l'ont dit quand j'ai partagé leur chanvre. Tu imagines ça ? Un flic fumant avec des voyous, tu nous aurais fait de l'or avec une histoire comme celle-là.
Dommage que tu sois mort, tu aurais pu l'écrire.
Pour une fois respectueux, les yankés se taisent, évitent de nous jeter aux visages des histoires de sorcellerie. Même eux n'y croient pas. Ils savent qu'on t'a tué pour une raison qui n'a rien à voir avec le diable. C'est parce qu'ils aimeraient en savoir plus qu'ils sont venus. Tu sais ce que je pense ? Je vois les choses comme eux.
Les conversations sont pleines de toi. Je suis le seul à t'entendre, à pouvoir te dire ce que j'ai sur le coeur. Parler avec les morts, je laissais ça aux vieux radoteurs, mais aujourd'hui, c'est différent, une porte s'est ouverte dans mon esprit. Dommage que je connaisse déjà la fable que tu me racontes. C'est le chanvre, il fait tourner en bourrique, ton bavardage roule dans mon crâne...
C'est l'histoire d'un khalife qui voit accourir son vizir affolé. L'homme a croisé la Mort au marché. Cette grande femme maigre portant une écharpe rouge l'a regardé bizarrement, et lui a glacé les sangs. Il implore son khalife de lui donner son meilleur cheval pour fuir très loin, jusqu'à Samarkand. Le khalife apprécie son vizir, il le laisse donc seller sa monture et filer ventre à terre : l'homme compte rallier Samarkand avant la nuit...
Revue de presse :
Avec Guerre sale, Dominique Sylvain signe un polar sauvage et brillant. Quel livre ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon polar. Tout y est : le rythme, les rebondissements, l'intrigue, les personnages... Et le style. On ne lâche pas ce roman à la mécanique impeccable avant l'ultime paragraphe - et le coup de tonnerre sur lequel il se clôt. Dominique Sylvain, française installée à Tokyo et qui doit connaître par coeur l'oeuvre intégrale de Raymond Chandler, a réussi un coup de maître. (François Busnel - Lire, février 2011 )
Dans ce treizième roman, Dominique Sylvain nous laisse en compagnie de son univers familier. Lola Jost et son amie américaine, Ingrid Diesel, masseuse, strip-teaseuse et surtout ex meurtrie du trop beau Sacha Duguin. Mais l'auteure de Baka !, de Vox et de Passage du désir ne se contente pas de faire tourner sa boutique. À l'occasion de son passage en Afrique, elle prend le risque de confronter ses personnages à un univers inconnu, le plus dangereux étant celui où la raison d'État se croit la plus forte. Elle y parvient avec une réelle maîtrise de l'intrigue policière, alliée à une écriture à la hauteur de son ambition. Dominique Sylvain est au mieux de sa forme dans cette Guerre sale qu'on dévorera. (Alain Nicolas - L'Humanité du 17 février 2011 )
Ce petit bijou de polar ultraréaliste sur les scandales politico-financiers de l'armement, émaillé de rebondissements qui prennent aux tripes et servi par une plume intelligente, laisse à penser que Viviane Hamy, après Fred Vargas, a décidément du flair pour dégoter les Rolls françaises du genre. (Julie Malaure - Le Point du 7 avril 2011 )
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